• Et voilà le premier article à propos d'un spectacle de danse, parce qu'après tout, se souvenir c'est bien, mais élargir ses horizons ça vaut le coup aussi (et ça permet de varier les souvenirs...)

    Donc. La Maison de Bernarda de Mats Ek. Une chorégraphie de 1978 d'après une pièce du même nom de Garcia Lorca. L'intrigue en un mot : une vilaine veuve terrorise ses cinq filles ainsi que sa servante, les empêchant de s'épanouir, notamment sexuellement. Chacune essaie de s'émanciper... mais ça finit un peu mal quand même. Le sujet est extrêmement bien traité du point de vue chorégraphique et scénique. Les mouvements, affranchis des conventions classiques qui n'acceptent que les gestes majestueux et figés, illustrent de manière poignante les émotions des personnages et les tensions installées entre eux. Les corps pleins de désir tremblent, les êtres soumis s'avachissent, les jeunes femmes hésitantes s'étirent avec langueur ou virevoltent avec une légèreté temporairement gagnée. Dans sa folie castratrice, la mère autoritaire (interprétée par un homme) s'offre un pas de deux avec le christ qu'elle a décroché de sa croix... il parait que la pièce n'a pas été très bien reçue en Espagne lors de sa première représentation... nous, on a beaucoup apprécié!

    Ici, comme dans de nombreux spectacles de Mats Ek, on retrouve une vision dansée de la femme originale et quasi féministe. Loin des clichés d'une figure affadie par le filtre des conventions sociales, la femme exprime avec tout son corps ses désirs, ses souffrances et ses doutes. C'est également dans la représentation du couple que le chorégraphe excelle: dans cette pièce, les premiers ébats d'un couple sont dansés en silence devant un gigantesque lit dressé en décor de fond.

    La seconde pièce est un peu plus difficile d'accès (lire :"on n'a pas tout compris mais on va quand même dire des choses très intelligentes à son propos!). Pas vraiment de cadre narratif. Un ensemble de représentation des rapports humains modernes et des relations de couple. Mouvements et jeux scéniques toujours évocateurs et émouvants, par contre la musique est horrible...

    Pour vous donner envie, quelques vidéos sur ce site:
    www.operadeparis.fr/Accueil/Actualite.asp

    bon, pour finir, ALLEZ voir des spectacles de danse : c'est beau, c'est émouvant, c'est une expression originale... et c'est pas cher! oui, oui, l'opéra garnier vous ouvre ses portes pour une dizaine d'euros. D'autres salles, comme le théâtre de la ville en font autant. Et sinon pour les radins (ou ceux qui hésitent à sacrifier deux places de ciné) le 14 juillet, un (très bon) spectacle de Carolyn Carlson, Signes, est représenté gratuitement à l'opéra bastille.


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