• J'ai découvert Danko Jones en 2003, à l'occasion de la sortie de leur 2e album We sweat blood, dont le single I want you (voir la vidéo ci-dessous), qui dépote pas mal, apparaissait sur l'excellent CD du premier numéro du regretté magazine X-Rock.

    Danko Jones est à la fois le nom du groupe, trio... punk rock ? canadien, et celui du chanteur/guitariste, dont la forte personnalité fait beaucoup pour la popularité du groupe  et l'énergie qui s'en dégage sur disque comme sur scène. Avant même d'avoir vu la moindre image du groupe en concert, je savais qu'on allait pouvoir compter sur une vraie présence et un bon show (sans compter que la taille de la salle au Trabendo est vraiment parfaite pour bien apprécier ce qui se passe, et le son a toujours été nickel chaque fois que j'y suis allé) : je ne m'étais pas trompé.



    Tous les morceaux du groupe ont de toutes façons pas mal la patate, mais Danko lui-même est l'ingrédient sans quoi rien ne serait comparable : sa voix est assez particulière, et sa diction tout spécialement, très articulée, son chant se faisant régulièrement plus parlé le temps de faire avancer son histoire, un peu comme du slam mais avec une grosse section rythmique derrière ; soit les morceaux s'enchaînent sans laisser même le temps au public de récupérer, soit Danko se lance dans une discussion souvent marrante avec le public (prix spécial de la meilleur vanne jamais entendue sur scène : on était un mercredi ce soir-là, et Danko remarque que, ok, la foule du mercredi c'est pas exactement la foule du samedi (la salle n'était pas complètement pleine), mais nous on était la vraie âme du rock, parce que « you  -don't- care- about- tomorrow, and that's what rock'n' roll is all about » :p ). Ces animations étaient parfois un peu longues et malheureusement on n'a pas échappé au petit groupe de connards qui crient au chanteur de fermer sa gueule... sauf que comme Danko Jones n'est pas exactement du genre à juste fermer sa gueule, il leur répondait et du coup les échanges se sont pas mal centrés là-dessus (Danko expliquant qu'il ne venait pas là juste pour jouer sa zique et se casser après, que quand il montait sur scène, c'était pour qu'il se passe quelque chose et être avec les gens).

     

    C'était en tous cas un concert qui donne la pêche, et qui permet d'apprécier d'autant plus la musique du groupe parce que ce ne sont effectivement pas juste des zicos, ils ont une p... de personnalité au sens positif du terme : du charisme et de l'énergie à revendre.

    Leur site est  


    Note: la première partie du concert était assurée par les Backyard Babies, groupe de pop-punk suédois dont Arnaud (guitariste/bassiste dans mon groupe GOne m'avait dit du bien et dont j'aimais bien les deux morceaux que je connaissais d'eux (dont un (dont je mets la vidéo ci-dessous) était sur les bonus tracks de Guitar Hero III ;) ). Ils ont bien assuré le show eux aussi, avec notamment un morceau d'intro qui plaçait la barre très haut niveau énergie ; mais leurs titres sont très inégaux et notamment comparé à la prestation assurée ensuite par Danko Jones, c'était un bon ton en-dessous. Ca vaut quand même le coup d'y jeter une oreille :


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  • Affiche de l'exposition "Controverses"
    Une exposition sur des photos qui ont suscité des controverses, voilà qui générait à la fois des espoirs (des photos qui font débat, c'est a priori intéressant) et des craintes (une exposition entière composée de ce genre de photos, est-ce que ce n'est pas un poil racoleur?).
    L'expo "Controverses - photographies à histoires" qui se tient sur le site Richelieu de la BNF du 3 mars au 24 mai 2009, est heureusement plus subtile que ce que je croyais qu'elle serait a priori, comme le suggère habilement le sous-titre de l'expo: il s'agit avant tout de raconter le contexte des photographies présentées, qui pour la plupart ne paraissent pas aujourd'hui devoir susciter la moindre polémique, afin d'expliquer pourquoi elles ont pu à leur époque être la source de conflits intellectuels, moraux, juridiques ou financiers.

    J'avais suivi un cours sur "Le scandale" pendant ma maîtrise de Médiation Culturelle, et le procédé me paraissait particulièrement intéressant, c'est donc avec plaisir que j'ai découvert la visée réelle de cette expo en y pénétrant. On y découvre ainsi tout au long d'une frise chronologique (qu'on peut choisir de ne pas suivre de façon linéaire si on veut s'épargner l'impression de n'être qu'un maillon d'une longue chaîne qui s'étire lentement dans la grande salle oblongue consacrée à l'expo) de rapides présentations synthétiques des images exposées et des motifs de controverses que suscitât chacune à son époque. Ces cartons auraient gagné à être davantage soignés (il y a de nombreuses fautes d'orthographes et mots manquants) et vivants, mais dans la mesure où le nombre des photos présentées est important et que chacune nécessite qu'on s'attarde pour la lecture de son carton de contextualisation, cette synthétisation paraissait inévitable (pour ceux qui voudraient davantage de détail sur les controverses ou le contexte de certaines photos, le catalogue de l'exposition fournira un support de complément appréciable, de toutes façons).

    Si peu de photos sont remarquables en elles-mêmes (moins d'une dizaine auraient retenu mon attention dans un contexte différent), les controverses évoquées permettent de voir se construire en filigrane le droit d'auteur et la notion d'oeuvre d'art  appliqués à la photographie, mettent en perspective les interrogations sur la liberté d'expression vs la censure, la liberté d'information vs la propagande ou la raison d'état, voire le simple droit à l'image...

    Une intéressante expo donc, mais qui exige qu'on y consacre un petit moment (2h pour la visite en gros, si on veut vraiment lire les descriptifs des photos -sans quoi l'expo n'a pas vraiment d'intérêt).

    Quelques images quand même pour illustrer tout ça:
     Recihstag Flag (1945) par Evgueni Khaldei
    Sur cette magnifique et très fameuse photo par exemple (Pose du drapeau soviétique sur les toits du Reichstag, par Evgueni Khaldei), on apprend qu'elle a été initialement publiée avec une retouche subtile mais significative: l'oeil attentif remarquera que l'officier allemand qui aide son camarade à tenir en équilibre sur son perchoir porte une montre à chaque poignet. En raison des rumeurs de pillage auxquels les soldats seraient accusés de se livrer, il fut choisi d'effacer la montre excédentaire...

    J'aurais aimé trouver d'autres images pour évoquer notamment le problème de la limite entre inspiration, citation et plagiat, préoccupation importante aujourd'hui où la référence ou la reprise sont l'argument parfois principal d'un grand nombre d'oeuvres plastiques ou surtout musicales. Deux cas me reviennent en mémoire, je me contenterai de renvoyer vers deux sites qui les commentent plus longuement qu'il ne serait utile de le faire ici à titre de simple exemple:
    Ce site (notamment la quatrième page, directement évoquée dans l'expo) qui évoque le plagiat dont se serait rendu coupable le vidéaste Jean-Baptiste Mondino envers l'oeuvre du photographe Guy Bourdin.
    Et cette page qui mentionne le plagiat de Jeff Koons d'une photo gentiment kitsch utilisée pour des cartes postales et dont il fit réaliser une sculpture supposément parodique (en déchirant quand même consciencieusement la mention du copyright sur la carte postale qu'il avait envoyé au fondeur qui devait réaliser la sculpture), comme s'il était indispensable de s'"inspirer" d'une image anodine et totalement inconnue pour réaliser une "oeuvre" de ce genre; une démarche qui en dit long sur son auteur (dont, vous l'aurez peut-être compris, je considère le travail comme une grosse escroquerie).

    Lien: deux articles critiques mais intéressants sur l'expo, qui regrettent que la présentation choisie aie été chronologique plutôt que thématique: http://deslivresetdesphotos.blog.lemonde.fr/2009/03/31/controverses-une-histoire-juridique-et-ethique-de-la-photographie/ ou http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/2009/03/16/controverses/

     

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  • Affiche du film "Ponyo sur la falaise"

    Ponyo sur la falaise est le nouveau film de Hayao Miyazaki. Paru en 2008 au Japon, il a connu un énorme succès et arrive aujourd'hui dans les salles françaises en bénéficiant clairement de l'aura de son auteur que critiques et public s'accordent à trouver génial et divinement créatif.

    Pour ma part, en voyant l'affiche française du film (pour écrire cet article, j'ai trouvé l'affiche originale, pas plus réussie), je n'avais franchement pas très envie de voir le film, mais comme nous avons parmi nos amis de vrais fans de Miyazaki, et parce que j'ai quand même apprécié certains de ses précédents films (notamment Le Voyage de Chihiro), je me suis quand même laissé entraîner.

    L'histoire (elle est déjà très simple, je vous la fais encore plus courte) est celle d'une petite "poissonne" enchantée, qui va se retrouver dans le monde des hommes par sa trop grande curiosité, et tombera instantanément amoureuse du petit garçon qui va la recueillir, qu'elle rejoindra ensuite en prenant forme humaine, son échappée déchaînant un tsunami tandis que son géniteur, magicien protecteur de la mer et de sa faune, tente de la ramener dans son giron.

    Bon. Tout ça est très mignon, parfois touchant, mais le mot qui convient le mieux pour décrire le film et tout ce qui le compose est sans doute "gentillet". Le graphisme est volontairement très épuré, les personnages sont dotés d'une psychologie basique, l'histoire ne semble pas avoir de second niveau de lecture (ou alors on est 5 idiots à être passés à côté) et l'intrigue est on ne peut plus simple... Il faut le dire (et apparemment aucun critique ne l'a dit jusque là, entraînant un gros malentendu que personne ne semble vouloir dissiper): Ponyo sur la falaise est un film destiné aux enfants, et vraisemblablement uniquement à eux.
    Les précédents films de Miyazaki étaient bien plus inventifs, mystérieux et intriguants, visuellement enthousiasmants, que ce dessin animé-ci, dont on sort avec l'impression d'avoir été escroqué non seulement par l'auteur, mais également par le monde entier. Je le dirai donc sans ambages: lecteur, si tu as déjà fêté ta neuvième année, tu es sans doute déjà trop vieux pour trouver un réel intérêt à ce film.


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  • Allez, cette fois, c'est fait, après une dernière réécoute samedi soir et quelques retouches pour parfaire le tout, on est suffisamment satisfaits du rendu de nos morceaux pour les rendre publics: ça commence avec Again and Again et The Day The World Went Slow, il y aura deux nouveaux morceaux la semaine prochaine, puis 2 autres la semaine suivante.
    Dans le même temps, on prépare une publication d'un EP 8 titres fait à l'artisanale pour l'instant, avant un album pressé façon pro pour peut-être la fin de l'année, et bientôt, de nouveaux concerts.
    Ca se passe sur notre page MySpace

    N'hésitez pas à faire passer le mot!


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  • est un photographe américain. Son site est ici, un site amateur avec pas mal de ses photos de mode et de pub ici .

    David LaChapelle

    Une exposition rassemblant supposément près de 200 de ses œuvres se tient actuellement (du 6 février au 31 mai 2009 à la Monnaie de Paris. Celle-ci propose de retrouver les photos de l'artiste tirées pour la plupart en grand (voire très grand) format, classées par séries.

    On attaque fort dès l'entrée avec deux photographies qui mêlent l'iconographie traditionnelle catholique avec la mythologie et le mode de vie contemporain : d'une part le célèbre Heaven to Hell, Pieta avec une Marie incarnée par Courtney Love
    Heaven to Hell

     qui tient dans ses bras la dépouille d'un modèle qui personnifie à la fois le Christ et Kurt Cobain, et dont les bras sont percés de trous d'aiguille de seringue. Juste en face, une tête de Jésus noir sur fond rouge sang,
    Jesus Noir
    sur laquelle a été ajoutée (apparemment récemment) une main en relief (comprendre : elle n'appartient pas à la photo originale, mais a été imprimée à part, et découpée puis installée légèrement en premier plan pour donner une 3e dimension fictive à l'image comme dans les livres « pop-up ») qui tient un téléphone portable (grand classique de l'œuvre de Lachapelle).

    La salle suivante reprend le principe du pseudo-relief à deux sous (bien laid mais génialement originâââââââââl), avec des œuvres condamnant le consumérisme occidental : d'un côté des compressions inintéressantes de voitures de luxe (à la Cesar mais en carton). De l'autre côté un diorama peuplé de jeunes gens et jeunes femmes bien faits et peu vêtus (voire nus), reprenant les codes des scènes classiques en peinture occidentale de dénonciation de la décadence (richesses, animaux en pleine fornication, poses lascives...) mais avec une esthétique typique de l'occident contemporain (joaillerie de luxe, lunettes de soleil, téléphone portable...). Suivent plusieurs photos du même acabit (sans relief toutefois), entremêlant les canons de l'art pictural classique et ceux de la photo de magazine.
     
    Celles-ci m'ont intéressé en ce sens qu'elles mettent en perspective la perception que nous avons aujourd'hui des œuvres classiques, des scènes de débauche qui nous paraissent parfaitement acceptables mais qui étaient perçues bien différemment à leur époque (telle La Mort de Sardanapale, de Delacroix, par exemple).


    La Mort de Sardanapale, de Delacroix, les innombrables nus qui peuplent les peintures classiques et qui nous semblent naturels et innocents parce qu'ils ne sont pour nous qu'une image et ont perdu leur dimension charnelle. Au-delà du questionnement sur la perception des œuvres classiques, c'était aussi pour moi une interrogation sur ma perception de ces œuvres-ci, comme celles de la série Déluge, qui figent des personnages contemporains dans des postures et avec des attributs qui leur donnent un aspect peu crédible, voire ridicule. Or ici encore, ce qui me frappe dans ces œuvres et me fait les déprécier, me semble parfaitement normal dans des œuvres classiques : cela me fait réévaluer les photos de LaCchapelle, que j'ai peut-être un peu trop rapidement condamné pour leur mauvais goût et leur côté putassier.

    La salle suivante me renforce d'ailleurs dans cette nouvelle appréciation de l'auteur, avec la série des Awakened, dont les modèles sont plongés en apesanteur dans une eau pas complètement claire, donc une poursuite intéressante du thème de la catastrophe (les corps évoquent ceux de noyés victimes d'une inondation ou d'une crue subite) avec une esthétique cette fois plus sobre (les couleurs sont moins clinquantes que dans les autres séries).

    La salle suivante présente la série Recollections, des montages réalisés par LaChapelle à partir de photos familiales anodines de l'Amérique profonde dans lesquelles il insère des éléments incongrus : drapeaux, armes à feu, personnages raides défoncés. Rigolo dans l'esprit, mais plastiquement moche.

    Et on passe ensuite à des séries de photos à la frontière entre aspiration artistique et simple image de mode, glamour et souvent trash, avec quelques réussites mais globalement beaucoup de mauvais goût, de clinquant, et une fascination pénible pour le star system et le cul (toutes les photos que je poste ici sont parmi celles que j'estime réussies, donc pour les photos trash plus typiques de son travail, cherchez plutôt sur Google Images).

    Cameron Diaz
    Alice
    David LaChapelle est assurément un photographe talentueux. Plusieurs de ses œuvres, même celles que je trouve laides, témoignent de son sens de la composition, de sa maîtrise de la technique photographique, de la lumière, des couleurs (toujours incroyablement vives). Il y a dans certaines de ses démarches des aspects intellectuellement ou esthétiquement intéressants (ou simplement amusants, ce qui n'est déjà pas si mal), et j'étais ressorti de l'expo avec un avis mitigé mais quand même plutôt positif. Mais en préparant ce billet et en recherchant des images pour l'illustrer, je me suis aperçu que la production globale de Lachapelle était beaucoup plus orientée vers ces photos glamour et kitsch, hyper racoleuses (en gros : du cul, des célébrités, et des couleurs tape-à-l'œil). Combiné avec l'absence de message -voire pire : le gros prétexte clairement fallacieux de la condamnation de la guerre,

    du consumérisme
    Hou, méchant Coca-Cola!
    ou de la décadence alors qu'il en adopte en vérité totalement les codes- ce constat me fait retrouver mon a priori initial concernant l'artiste : c'est d'un mauvais goût  branchouille total, une flatterie de tout ce que c'est supposé condamner et qui mérite pourtant effectivement d'être condamné, et c'est donc une grosse escroquerie intellectuelle sans intérêt.

    En temps normal, quand je sors d'une expo en ayant trouvé 10 œuvres intéressantes je m'estime relativement satisfait, mais là, la pénibilité de l'ensemble de l'œuvre me fait déprécier des pièces que j'aurais trouvé individuellement réussies.

    Par ailleurs, tous les textes relatifs à l'expo évoquent la présentation de près de 200 photos, il y en a en réalité bien moins (80, d'après certaines sources sur Internet : je ne me suis pas amusé à compter, mais clairement, on voit qu'il n'y en a pas 200), parce que Lachapelle a décidé après le vernissage d'en retirer un certain nombre. Le problème, c'est que les cartons explicatifs présents dans les salles n'ont pas été révisés, si bien qu'on se retrouve régulièrement à lire des textes qui parlent d'œuvres... qu'on ne verra pas. Ne pas avoir pris le soin de refaire 1 carton (1 feuille blanche A4, hein...) par salle, soit en gros 10 cartons au total pour éviter ce genre de plantage, c'est un signe de la considération des organisateurs et sans doute de l'artiste pour le public, dont ils doivent supposer qu'il n'est pas exactement venu pour lire du blabla, mais bien pour se rincer l'oeil. Hou !


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