• Premier jour, le 15 novembre :

    <o:p></o:p>

    Rien de spécial  à signaler pendant les deux vols de 7 heures si ce n’est les écrans tactiles situés sur les sièges des avions et qui permettent de se divertir durant le voyage. Ils donnent l’impression qu’on vous tape dans le dos pendant une éternité… Ce commentaire va donner le ton de l’article : dénonce !

    Arrivée donc à Bangkok à 18h30. Après un rapide passage à la machine à sous, comprendre le distributeur de billets, nous nous engouffrons dans un taxi qui nous amène au cœur de la ville. Pas d’effet de surprise durant le trajet, la vue de l’immense capitale est la même qu’à l’entrée de n’importe quelle capitale. Malheureusement notre arrivée coïncidait avec les funérailles de la sœur du roi. Les rues qui menaient à notre hôtel étaient donc bloquées et le conducteur n’avait aucune idée de comment y accéder. Après plusieurs minutes à passer à le convaincre de s’arrêter près de ce que nous pensions être notre hôtel, nous vaquâmes pendant 25 minutes avant de trouver un Thaïlandais qui nous renseignât sur la position du bâtiment. Nous avons donc rejoint notre chambre sans encombre majeure, mission accomplie. Un repas copieux dans une rue voisine ainsi qu’une bonne douche ont complété la première journée.  Il est 22h30 et demain nous devons nous lever à 5h30 pour nous rendre au Cambodge.

    La nuit fut ponctuée de cris provenant de filles hurlant dans une langue étrangère ; impossible de savoir si elles se faisaient violer ou si elles étaient ivres… Le voyage débutait donc de la meilleure manière !

    Mon impression initiale de la ville : sale, surpeuplée mais un indéniable charme. Le contraste est impressionnant entre les monuments et les temples  qui de l’extérieur ont l’air magnifiques et propres et les immeubles insalubres où les gens vivent.


    16 novembre :

    <o:p></o:p>

    Lever à 5h00 donc… heureusement le petit déjeuner est copieux et nous aidera jusqu’à notre première étape
    Cambodgienne, Battambang, deuxième ville du pays. Nous prenons un taxi de notre hôtel jusqu’à la gare routière (note : le code de la route Thaïlandais doit sûrement être inexistant, à fonds les ballons a été ma pensée lorsque le chauffeur nous a conduit à bon port jusqu’à la gare : feux rouges optionnels, que du bonheur quand tu es assis à la place du mort !).

    Second moyen de locomotion emprunté ce jour, le bus. 4 heures pour rejoindre la frontière ; une route en bon état rend le voyage relativement confortable, le pire étant à venir. A 5 km de la frontière nous sautons avec nos sacs dans les Tuk-Tuks (sorte de moto qui tracte un wagon avec des sièges, mode de transport très répandu en Asie du sud-est) qui nous emmèneront à la bordure à proprement parlé. Le passage n’est qu’une formalité, surtout que notre Tour Leader, Shayne, a des contacts qui nous ont facilité l’accès (ie, on a grillé toute la queue pour rentrer) au pays. La deuxième partie du voyage peut alors commencer.

    On monte donc à 5 à l’arrière d’un pick-up et nous voila parti pour plus de 2 heures de mauvaises routes, de mal de fesses et de poussière. Nous voici d’ailleurs équipés de masques pour éviter de mourir lors du trajet.

    Arrivés à notre hôtel à Battambang, nous faisons un petit somme, le décalage horaire fait son effet et on est tout simplement crevé. A notre réveil, on décide de faire un tour en ville en passant par les quais et on se retrouve après 30 minutes de marche dans un temple tenu par un moine plutôt bavard ; il avait une cicatrice et parlait de fleurs (joke inside…). Le retour à notre chambre fut plus difficile qu’il n’y parait : le simple fait de traverser la rue est une épreuve de tous les instants car un flot constant de deux roues est sur la rue. La traversée du carrefour fut un exercice de précision et de vitesse inattendu.

    Un rapide diner le soir avec les membres du groupe nous renseigne déjà sur à qui il faut parler et qui il faut éviter, toujours bon à savoir… Epuisés, on s’écroule vers 22 heures.

    17 novembre :<o:p></o:p>

    Lever à 7 heures après une deuxième nuit de sommeil. On sent que le corps s'adapte enfin au nouvel horaire, cette fois-ci on est d'attaque pour affronter le programme de la journée.

    On débute en minibus qui nous emmène à 10 minutes en dehors de la ville pour se retrouver chez l'habitant à proprement parler. On se retrouve dans un regroupement de maisons à l'architecture similaire et à l'apparence assez archaïque. Les maisons sont sur des poteaux et les pièces habitables se trouvent au  premier étage. On apprend vite qu'il y a deux utilités à cela : éviter les inondations dans un premier temps puis le vent qui circule par dessous rafraîchit l'habitation. Pas cons ces Cambodgiens ! Après cela, on a assisté à un combat de poissons, « sport » très passionnants pour les locaux qui parient de l'argent sur leur champion et passent la journée à regarder un bocal en s'excitant de temps à autres… pourquoi pas ?

    En face du village se trouve un temple assez simple et un peu plus loin on visite un mémorial pour la mort de Cambodgiens de la région, du au massacre par les Khmers Rouges. Des scènes assez graphiques sont gravées sur le socle du monument, et des cranes de victimes sont entreposés dans le mémorial.

    Le guide, qui est né en 1970 a vécu l'horreur de cette époque et nous raconte avec le sourire, tout de même, comment son frère a disparu à cause de cela. Il est difficile de s'imaginer que cette tragédie s'est déroulée il y a moins de 30 ans ; l'ambiance est tout d'un coup devenue un peu plus pesante.

    Bon-en mal-en, on reprend le minibus Mercedes à l'extérieur/Daewoo à l'intérieur (qui a dit que les apparences n'étaient pas importantes ?) pour continuer notre trajet et nous faisons halte dans un village qui produit du fromage non pas à base de lait, mais de poisson. Première impression à la descente du véhicule, ça pue… Sur le sol, une multitude de poissons ouverts en deux sont en train de sécher.

    La fabrication du fromage se fait en plusieurs étapes : les femmes (d'ailleurs on a vu qu'elles effectuer ce travail) découpent premièrement avec précision et gros couteaux la tête et la queue des poissons, puis dans une deuxième étape, hachent menu ces restes de poissons à l'aide de tranchoir pour obtenir une bouillie qui sera ensuite utilisée comme pâte pour fabriquer le fromage. Je suis assez heureux d'avoir échappé à la dégustation de la spécialité locale…

    De retour au minibus on se rend à présent dans une fabrique de nouilles. Quand je dis fabrique de nouilles, c'est plus on se trouve chez l'habitant qui dans son jardin a les outils nécessaires pour produire lesdites nouilles. A partir de riz bouilli, puis filtré en une pâte homogène, la mixture est placée dans un cylindre avec de petits trous au fond de celui-ci. Le cylindre est alors placé au-dessus d'un réceptacle rempli d'eau bouillante, et à l'aide d'une presse, la pâte passe par les trous et les nouilles tombent dans la marmite. Après près de 30 secondes de cuisson, les nouilles sont retirées du feu puis rincées à l'eau froide et enfin disposées dans un panier qui sera emmené à Battambang pour être vendu au restaurant du coin.

    A noter que le riz a plusieurs fonctions autres que nourriture : la coque est récupérée et séchée pour alimenter le feu sous la marmite et une fois que le feu est éteint, les cendres pourront servir d'engrais naturel pour les champs. Il sont pas cons ces Cambodgiens…

    Arrêt suivant dans une « fabrique » de papier de riz pour nems/rouleaux de printemps. Travail très très laborieux qui rapportera au maximum 2 dollars au producteur pour plus de 1000 galettes… on se dit que c'est pas cher payé surtout que le travail est assez délicat.


    L'étape suivante est un temple qui se trouve sur le flan de montagne ; pour y accéder, on doit se taper 13 km de route. Je pouffe, me disant que 10 minutes et c'est réglé… que nenni !1 heure et demie après être passés sur une multitude de trous à 17 dans un minibus pour 13, on atteint enfin notre objectif, le cul en bouilli pour certains, comprendre moi... Il y eut de même quelques moments où nous devions descendre du véhicule non pas pour pousser, mais pour délester car certains passages étaient assez compliqués à négocier avec tous les gros Européens/Canadiens présents à bord. On déjeune tranquille au pied de la montagne et de suite après on commence l'ascension pour accéder au temple.

    Rien de bien spécial pour l’édifice, le premier contact avec les moines bredouillant de l'anglais était assez marrant… Visite de grottes également où des Cambodgiens étaient exécutés par les Khmers, on voit l'empreinte omniprésente de la tragédie partout où l'on se rend. Néanmoins, le panorama du haut de la montagne/colline est assez appréciable.

    Le retour jusqu'à Battambang se fait dans la joie, la bonne humeur et l'angoisse aussi après avoir vu qu'un 4x4 s'est retrouvé coincé dans un des trous de la route... On a du tous descendre du minibus a ce moment, notre véhicule lui a emprunté une route inconnue pour nous retrouver quelques 200 mètres plus loin.


    On termine la journée par un petit tour de train de Bambou, ou tout du moins c’est ce qui était prévu ; en fait au premier abord, on est assez déçu, car il ne s'agit que d'une grande planche de bambou avec un moteur de tondeuse à gazon. Mais lorsque qu'on démarre on se rend compte que le seul confort de la planche est une série de coussins et qu'on est directement exposé au vide lors du trajet. Et puis, ça trace plus que j'aurai pensé… assez sympa de voir le paysage défiler autour de soi, les rizières et le soleil qui se couche, les gens qui nous saluent au passage. Agréable petite ballade.


    On finit la journée par un repas chez notre guide, sa femme est cuisinière. On se retrouve à 15 chez lui avec ses gosses et sa compagne à manger un véritable festin, vraiment très sympa, le guide est d'ailleurs celui que nous avons tous préféré lors du séjour et le passage par cette partie du Cambodge restera un des meilleurs souvenir également. On rentre, repus et épuises. Le lendemain risque de ne pas être aussi plaisant.




    2 commentaires
  • Affiche du film "L'étrange histoire de Benjamin Button"

    Le principe de l'histoire est connu, puisque ce film a fait un buzz énorme pour tout un tas de raison : il s'agit donc, d'après la nouvelle de Francis Scott Fitzgerald (plus connu pour son roman Gatsby le Magnifique)parue en 1921, de l'histoire d'un homme qui naît vieillard, et qui voit le fil de sa vie s'écouler en sens inverse de celui du commun des mortels, devenant de plus en plus jeune tandis que les années passent.

    C'est évidemment le prétexte à des débauches d'effets spéciaux (numériques ou non) pour donner corps à un Brad Pitt archi-vieillard, puis juste vieux, puis plus jeune qu'aujourd'hui, et qui ont généré l'essentiel de la rumeur autour du film. La qualité de l'image, comme toujours chez David Fincher n'est globalement pas mise en cause : c'est soigné et esthétiquement réussi (à part pour les premières scènes de flashback qui nous ramènent, à travers les yeux de la grand-mère mourante (Cate Blanchett, transparente), à l'inauguration de « l'horloge qui allait en sens inverse » : l'excès d'effets (le sépia + le grain abimé + les rayures et le saut de la bande, stop, c'est trop !). On ne peut quand même empêcher le regard d'accrocher sur la bizarrerie des effets numériques, qui ne se fondent pas encore parfaitement dans l'image pourtant très travaillée du film ; mais si je trouve inapproprié d'encenser ce film pour ses effets spéciaux, je pense qu'il serait aussi excessif de le dénigrer pour leur faiblesse relative.

    Pour en venir plutôt à l'essentiel -le fond- on pourra louer la façon poétique dont le concept énorme (l'homme qui vieillit à l'envers) permet d'aborder les questions du passage du temps, de la fugacité des instants précieux (les deux amants ne pourront s'aimer que durant une poignée d'années, la scène dans le présent est rendue fragile par l'imminence de l'ouragan Katrina, prêt à déferler sur la Nouvelle-Orléans et, à l'instar du temps (qui passe), à tout ravager en ne laissant que de frêles débris,...), des passages obligatoires de la vie d'un homme (parce qu'il murit en rajeunissant physiquement, Benjamin se trouve plusieurs fois amené à faire des choses qu'un homme de son âge (mental) ou de son âge (physique) aime à faire, et au final, celles-ci ne sont pas toujours très éloignées, comme si les deux phases de sa vie au-delà du point central que représente la maturité, étaient le reflet (déformé uniquement par son aspect physique) l'une de l'autre : l'envie de voir le monde aussi bien quand il est vieil adolescent que jeune sage, par exemple) ...

    Mais bon, ça, c'était déjà dans le bouquin, en fait ; et c'était une nouvelle, là où le film dure 2h35.

    Et 2h35, c'est long, surtout quand il ne se passe rien. A part de rares moments (la vie de matelot de Benjamin, pour l'essentiel), c'est quand même le grand vide en termes d'événements marquants et les scènes anecdotiques s'enchaînent à un rythme bien mollasson : c'est qu'on soigne plutôt l'atmosphère dans ce film, or la gravité du personnage principal, frappé par sa différence, assombrit volontairement le ton du récit ; on est ici dans le registre fantastique, certes, mais pas du tout dans le merveilleux et je suis assez surpris de certaines critiques que j'ai pu lire ici ou là, qui voient dans ce film un hymne à l'Amérique du « Yes we can », vantant l'empathie de Fincher avec l'air du temps ou condamnant sa roublardise.

    Rien dans ce film plutôt désenchanté (« désenchanté » m'a paru moins agressif que « barbant ») ne me semble avoir été « calculé » pour coller à la période actuelle, hormis peut-être pour ce qui concerne les effets spéciaux. L'enjeu de tout ça était-il de juste permettre de pousser un peu plus loin encore les limites de la magie des effets spéciaux numériques, en donnant corps à un Brad Pitt reconnaissable aux différents âges de sa vie malgré les transformations qui l'affectent ? Sincèrement, je me pose la question, parce que pour moi le prétexte du film (le vieillissement à l'envers, donc) n'apporte rien du tout au fond de l'histoire, et il n'y a rien là qu'on n'aurait pas pu retrouver dans un film avec un concept moins énorme : durant toute la partie où l'enfant est vieux, l'ostracisme dont il est frappé, ce sentiment d'étrangeté qui le coupe du monde, auraient aussi bien pu être narrés par l'intermédiaire d'un personnage handicapé, ou issu d'une minorité, ou que sais-je encore. On atteint même clairement les limites de la crédibilité du concept quand Benjamin, ayant atteint l'âge de la maturité en même temps que la femme de sa vie (mais en sens inverse, donc), annonce qu'il quitte le foyer parce qu'il ne veut pas être à sa charge : en clair, il a quarante ans, donc encore dix ans avant d'avoir trente ans, vingt ans avant d'en avoir vingt, bref, il y a de quoi profiter encore un peu de la vie avec la femme qu'il est censé aimer. Aucune raison donc de se précipiter pour quitter l'œil du cyclone à part :

    1 . si le personnage est hypocrite et souhaite en fait profiter de la jeunesse de son corps pour faire les trucs que font les jeunes de cet âge, ce que peut plus ou moins laisser penser la suite de l'histoire (Benjamin part vivre sac sur le dos en Inde -on est dans les 70's) mais qui semble franchement incohérent avec l'esprit du reste du film (mais pourrait davantage correspondre au personnage de la nouvelle en revanche, qui se livre à des occupations frivoles et devient une vedette du sport universitaire lorsqu'il gagne en jeunesse physique)

    2. si l'idée du personnage qui vieillit à l'envers n'est qu'un argument purement conceptuel et qu'on abandonne la cohérence de l'histoire pour explorer le concept jusqu'au bout.

    3. si ce concept n'est qu'un argument marketing pour faire venir des foules qui ne se seraient autrement jamais déplacées pour se voir réciter une morale si banale et suivre une histoire d'amour aussi plate (voire, inexistante : pas la moindre étincelle entre les acteurs à quelque moment du film, et dans la scène au cours de laquelle Benjamin repousse sa belle encore insuffisamment mâture on ne peut qu'abonder en son sens : on a plus envie de coller des tartes à la pimbêche que des baisers sur ses lèvres).

    La première solution ne me paraît pas vraisemblable par rapport à l'esprit du film, et au personnage de Benjamin Button qu'a choisi de faire vivre Fincher (et qui de ce que j'ai compris n'est pas exactement le même que celui du livre) ; j'hésite donc entre la 2e et la 3e solution, qui ne sont ni l'une ni l'autre très flatteuses.

    Au final donc pour moi, un film esthétiquement réussi mais barbant, et surtout bidon à cause de ce concept énorme et pourtant inutile en termes de récit pendant la première moitié du film, puis absurde pendant le derniers tiers.  


    2 commentaires
  • <o:smarttagtype namespaceuri="urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" name="PersonName"></o:smarttagtype>

    Séquence introspection : quand j’étais au lycée, je considérais les explications de texte auxquelles le programme et nos insupportables profs de français nous soumettaient, comme de vastes fumisteries. Tout ça pour moi relevait de l’interprétation arbitraire, et apprendre ce que signifiait tel ou tel texte consistait en fait à apprendre ce que la norme considérait qu’on devait y voir : j’écrivais moi-même de médiocres nouvelles à l’époque, et il était clair pour moi qu’on pouvait écrire des pages et des pages sans forcément chercher à dire quelque chose de plus que ce qu’on écrivait littéralement, et qu’on pouvait voir ce qu’on voulait dans telle ou telle tournure de phrase à partir du moment où on avait décidé qu’on allait y trouver quelque chose.

    Je ne suis pas complètement revenu sur cette dernière idée, même si après quatre ans d’étude en médiation culturelle au cours desquels j’ai suivi des cours de sémiologie (la science des signes), j’ai quand même fini par admettre que quand on crée quelque chose à partir de rien, chaque élément qu’on ajoute est choisi, et donc potentiellement signifiant (potentiellement seulement, hein : je reste quand même convaincu qu’un bon paquet de trucs qui sont produits aussi bien en littérature qu’ailleurs n’ont pas vocation à être interprétés au-delà de ce qu’ils disent littéralement ; il y a aussi toute une partie des interprétations qui peuvent être faites qui révèlent davantage sur l’inconscient de l’auteur que sur sa volonté consciente et là on en finit pas, surtout quand la subjectivité de l’interprète vient inévitablement par-dessus ça affecter la perception du message original).

    <o:p> </o:p>

    Bref, la sémiologie, c’était quand même un cours intéressant même si ça frisait souvent la capillotraction (ce mot n’existe pas, mais je ne voyais pas d’autre tournure pour placer mon jeu de mots (friser, tirer par les cheveux, tout ça)).

    Et toute cette introduction, donc, pour expliquer pourquoi je publie aujourd’hui ce billet qui devait être court au départ, sur une humble publicité pour la marque Darty.

    La marque a d’habitude recours à des publicités plutôt simples aussi bien en ce qui concerne le fond que la forme : le logo de la marque, très épuré, la voiture tricolore bleue-jaune-blanche soi-disant emblématique du groupe (on n’en voit plus dans les rues depuis 12 ans –edit : tiens ben je viens juste d’en voir une ce midi en fait ! Je croyais sincèrement qu’il n’y en avait plus), et un message écrit en gros caractères noirs sur fond blanc.

    <o:p> </o:p>

    Or, la dernière publicité exploitée par Darty pour sa Dartybox est à l’inverse complètement saturée de graphismes au look « jeune » et branché, genre BD 3D, ce qui est une première chose à noter : c’est que la cible visée n’est plus la même qu’avec les clients traditionnels de Darty, qui viennent y trouver d’ordinaire de l’électroménager classique, familial.

    <o:p> </o:p>

    Le message annonce textuellement, avec un lettrage qui rappelle le graffiti - art mural urbain moderne et rebelle – « Vous en voulez toujours plus ? ». La saturation de l’espace par le message exprime ici le « plein » de  « matos » que pourra fournir la box à son heureux acquéreur (sachant qu’aujourd’hui toutes les « box » fournissent en gros la même offre, à part celle de Free qui continue à garder une longueur d’avance sur ses concurrents en matière d’innovation en apportant des contenus inédits, avec les chaînes perso par exemple).

    <o:p> </o:p>

    Jaillissant des étroits interstices laissés entre les lettres, la publicité explicite un peu plus en détail toutes les merveilles auxquelles la Dartybox nous donnera accès (là où les concurrents énumèrent ces services de façon tellement stéréotypées que personne n’y accorde plus la moindre importance, pas même les annonceurs eux-mêmes qui mentionnent certains services en double dans leur pub : je ne sais pas si je vais réussir à la retrouver [ndr: effectivement, je n'y suis pas arrivé], mais on pouvait lire récemment une pub pour la Neufbox je crois, qui promettait avec son produit quelque chose comme la ligne téléphonique, le téléchargement illimité, <st1:personname productid="la télé HD" w:st="on">la télé HD</st1:personname>, et le téléphone !).

    <o:p> </o:p>

    Or, et c’est là en vérité la raison de ce billet, le lecteur attentif de cette image (il a suivi des cours de sémiologie, je vous rappelle) découvre avec une certaine stupéfaction lesdites promesses :

    - une souris (on peut… se servir de sa souris sur Internet ? Bon, là ils se sont sans doute un peu craqués, mais je suppose que ça doit rappeler au consommateur que la Dartybox, c’est pour l’ordinateur)

    - un type avec un casque sur les oreilles (hé, tu peux télécharger toute la musique que tu veux sur Internet ! Légalement, cela va de soi.)

    - une télécommande (on peut regarder la télé sur Internet, accéder à des chaînes supplémentaires, etc.)

    - une main qui tient un téléphone (on peut téléphoner gratis avec une box)

    - un joystick (on peut jouer sur Internet) 

    Et… mais… qu’est-ce que c’est que cette longue jambe dénudée ?

    <o:p> </o:p>

    Que promet au juste cette cuisse offerte ?

    <o:p> </o:p>

    Incroyable ! Ce que cette pub vante en image et qu’aucune autre pub n’a pu faire avant elle parce qu’elle passait par le langage verbal, c’est le cul !

    <o:p> </o:p>

    Là, je suis quand même curieux de connaître l’impact de cette campagne chez ceux qui auront eu l’occasion de la voir, parce que le visuel est quand même vachement chargé, et je serais déjà étonné que du monde se soit vraiment attardé dessus (déjà, que moi je me sois attardé dessus, ça m’épate, alors…) ; et ce détail qui change tout, cette cuisse nue qui est là, combien de gens l’auront remarqué parmi ceux qui auront vu cette pub ? Combien auront été suffisamment interpelés par cet élément étonnant pour comprendre qu’il ne s’agit pas que d’un élément de décor mais bien d’un argument de vente ?

    Et pourtant, il est impossible d’imaginer que cette jambe se soit glissée là par hasard : il n’y avait rien, là, et quelqu’un, à un moment de la conception de la pub, l’a insérée là (et les autres qui ont validé la pub l’ont laissée !).

    <o:p> </o:p>

    Blague potache des auteurs de la pub pour eux-mêmes et pour ceux qui deviendront les complices de leur gag en découvrant ce truc énorme et franchement assez incongru ? Clin d’œil adressé aux jeunes, qui pourront plus facilement décoder la métaphore parce qu’ils comprennent à la fois mieux ce langage visuel (BD/ graff/ jeu vidéo…) et qu’ils savent bien ce qu’on peut effectivement trouver sur Internet ? Message purement mercantile de la marque qui appâte le chaland avec la plus vieille marchandise du monde, avec pour le coup une vraie trouvaille qui leur permet d’exprimer ce que personne à ma connaissance n’avait pu exprimer dans une pub grand public jusque là (en tous cas pas comme un argument de vente positif)?

    Je serais curieux d’en savoir davantage sur la genèse de cette pub, et en tous cas, ça valait bien un petit billet ! ;)

     


    3 commentaires
  • Affiche du film "Yes Man"

    Ce film a été précédé d’une campagne marketing un peu originale, avec des tracts apposés en ville et invitant les passants à dire « oui », et à se rendre sur le site « yes-yes-yes.fr » pour en savoir plus. J’avais été intrigué par les prospectus, mais pas assez pour avoir envie d’aller sur le site (je suis pas un pigeon, moi, oh !).

    En découvrant ensuite le pot aux roses et en voyant l’affiche du film, j’avais été encore davantage déçu : je ne suis pas franchement un fan de Jim Carrey (le seul film dans lequel il a joué que j’ai aimé étant The Truman Show, pas exactement typique des films de l’acteur (je n’ai pas vu Eternal Sunshine of the Spotless Mind, pour ceux qui se posent <st1:personname productid="la question. Je" w:st="on">la question. Je</st1:personname> ne suis pas sûr que j’aimerais pour autant, mais de toutes façons ça n’est pas non plus un film qui mise beaucoup sur les caractéristiques spécifiques du jeu de Carrey (les grimaces, quoi)).

    Le titre du film reprend par ailleurs celui d’un groupe d’activistes marrants un peu connu et que j’aime assez, les Yes Men, et le film n’avait l’air d’avoir aucun rapport avec eux, tout en se servant (j’extrapole peut-être un poil, là ! ^_^) de la modeste notoriété du groupe pour booster la sienne.

    Bref, rien de tout ça ne m’avait donné l’envie de lire quoi que ce soit sur le film, dont je ne savais pas même de quoi il parlait, et il serait normalement sorti de ma mémoire aussi rapidement que des salles (sans doute plus vite, en fait).

    <o:p> </o:p>

    Mais c’était compter sans les circonstances particulières de ce dimanche 25 janvier, où nous avions prévu avec Marion d’aller voir… Slumdog Millionaire (avec un seul 'n', notez). Comme nous ne nous étions pas suffisamment pressés, à 17h55 nous étions encore chez nous –ce qui aurait pu passer si la séance avait bien commencé à 17h50 comme Marion croyait l’avoir lu, et non à 17h40 comme il était en fait marqué dans le programme. C’était râpé, donc, et nous avions le choix entre deux options : attendre la prochaine séance en prenant le risque d’avoir la flemme de nous remettre en mode ‘actif’, et de finalement ne pas bouger de la maison ; ou nous rabattre sur un autre film, mais dans ce cas l’heure qu’il était ne nous laissait guère de choix… ce fut donc Yes Man, qui avait deux ‘T’ dans Télérama, quand même… (ça a été littéralement l’argument invoqué par Marion pour me donner envie de voir le film durant la minute de réflexion que nous nous sommes accordés avant de sortir :p )

    <o:p> </o:p>

    L’histoire est celle de Clark, un Michel typique, qui ne décroche pas son téléphone quand on l’appelle, et rejette systématiquement toutes les propositions qui lui sont faites, quelles qu’elles soient : enfermé dans une attitude négative, il se cloître chez lui et se contente d’une vie triste, passive et coupée des autres. Pendant cette partie du film, on sourit franchement peu malgré la grosse caricature.

    Puis, Clark se rend à une sorte de grande cérémonie mystico-païenne pour le développement personnel, où tous les présents sont de gros « ouisseurs », qui voient le monde avec un œil candide et exalté. Clark accepte de passer un marché avec le grand prêtre de la cérémonie, et s’interdit alors l’utilisation du « Non », assuré que l’ouverture à toutes les opportunités qui se présenteront à lui lui apportera une vie meilleure.

    Le reste du film voit donc Clark embrasser d’abord avec frilosité puis avec bonheur toutes les occasions qui s’offrent à lui, redevenir quelqu’un de positif, ouvert et joyeux, ce qui lui permet de regagner l’amitié de ses proches, des opportunités d’évolution dans son travail, l’amour… avant que son optimisme forcené ne finisse par lui jouer des tours.

    Clark apprend toutefois sur la fin de son aventure que tout ça n’a rien de magique et qu’il suffit d’être ouvert (aux autres, à l’imprévu…) pour ne pas passer à côté de sa vie.

    <o:p> </o:p>

    La morale finale, même si elle peut paraître simpliste, me parle et me plaît, et voir ce film m’a fait passer un moment agréable ; au-delà des gags (souvent réussis), du jeu des acteurs (sympathiques et attachants, avec une mention spéciale pour Zooey Deschanel, que son rôle d'anticonformiste et sa voix de gorge rendent très charmante malgré une plastique passe-partout), j’en suis ressorti avec un bon moral du fait de l’optimisme-même du film.

    J’ai quand même trouvé la fin décevante, la morale de l’histoire étant assénée de façon lourde et pas appropriée à mon sens (ce n’est pas un excès d’optimisme qui tourne mal qui permet à Clark de comprendre qu’il faut savoir rester raisonnable, mais la conclusion d’une nouvelle série de catastrophes qui lui arrivent après qu’il ait dit « Non » (séquence qui suggère qu’il y a effectivement quelque chose de surnaturel derrière tout ça) qui fait que le gourou du groupe vient lui annoncer textuellement que son « pacte » n’avait pour but que d’être un déclencheur pour le tirer de son enfermement ; conclusion qui contredit complètement les scènes de « grand-messe » du groupe des « ouiistes », qui sont clairement ridiculisés par leur candeur excessive virant à la stupidité).

    Enfin, donc, à part pour le début et la fin, un film sympa et léger, à voir quand on a besoin d’un coup de boost au moral. Un film de crise, quoi !  

    Note: les musiques du film ont été écrites par Eels; un bon point supplémentaire pour rendre ce film sympathique et dissimuler un peu son étiquette de blockbuster ;)


    votre commentaire
  • Affiche du film "Louise-Michel"

    <o:p></o:p>

    Bon, l’anarchie n’est vraiment pas ma came, mais une citation telle que celle-ci, qui apparaît en conclusion du film « Louise-Michel » de Gustave Kervern et Benoît Delépine, donne tout de même une idée de l’esprit dans lequel celui-ci a pu être conçu : sans fard ni concession, brutal, mais avec un certain humour halluciné/ hallucinant.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Bien qu’empruntant son titre, comme cette citation, au personnage historique que fut Louise Michel, héroïne de la Commune de Paris, le film n’est toutefois en aucune façon un document historique bien qu’il puisse constituer une sorte de constat désinvolte mais révolté de la situation sociale à laquelle nous contraint le capitalisme globalisé. L’histoire est celle d’une usine picarde de la société « Nin-nin », dont la fermeture est décidée et actée à l’insu des ouvrières que les dirigeants auront exploité jusqu’au dernier jour, les machines de production étant délocalisées dans la nuit sans même qu’elles en soient informées, et à peine indemnisées.<o:p></o:p>

    Avec leurs 200 € par tête pour solde de tout compte, et sous l’impulsion de l’une d’elles, Louise (Yolande Moreau), les ouvrières décident de mettre leur modeste pécule en commun pour réaliser un projet collectif… qui sera de faire buter le patron !<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    C’est Louise, qui a fait de la prison, qui se chargera de trouver l’exécuteur, et qui fera ainsi la connaissance de Michel (Bouli Lanners), agent de sécurité indépendant… et foncièrement incompétent. Incapable de mener à bien les tâches qui lui sont confiées, Michel cherche des malades en fin de vie pour assumer le boulot à sa place, ce qui lui réussit plus ou moins bien.<o:p></o:p>

    Il parviendra néanmoins étonnamment à avoir la peau du patron de l’usine picarde ; mais les ouvrières se rendent alors compte que leur victime n’était pas le décideur de cette délocalisation, et qu’il y a quelqu’un au-dessus de lui, qui doit lui aussi payer. Voici donc les deux « héros » de l’histoire partis sur les routes pour aller trouver à Bruxelles (capitale de l’Union Européenne), puis à Jersey (paradis fiscal), les vrais responsables de l’injustice sociale, qui semblent insaisissables.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    L’intrigue n’est pas franchement conçue pour distiller un quelconque suspense, bien qu’elle soit intéressante autant du point de vue scénaristique que de celui de la métaphore sociale –en ce sens, il n’est pas légitime à mon avis de taxer ce film de simple fil conducteur entre une série de sketches. Kervern et Delépine sont par ailleurs (un peu) connus des cinéphiles (je précise que je ne me considère pas du tout comme tel) pour leurs deux précédents films, Aalstra et Avida, films au ton très personnel, lent, décalé et poétique, qu’on retrouve parfois dans Louise-Michel. Mais au-delà de la satire ou du « film d’auteur », Louise-Michel est quand même surtout une comédie noire et anar, dans la droite ligne du « Groland » de Canal+, dont Delépine et Kervern sont également coauteurs.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Se succèdent ainsi une série de scènes invraisemblables voire absurdes, souvent cruelles pour tous les personnages… et même parfois sordides. <o:p></o:p>

    C’est là l’un des premiers défaut du film : il y a vraiment énormément de gags dans le film, bien davantage que dans pas mal de comédies récentes ; mais le cadre des scènes est parfois si glaçant d’hyperréalisme cru et cynique, qu’on se surprend souvent à se demander si on doit vraiment rire de ce qu’on voit (exemple : Louise attrape des pigeons avec un piège à souris… le décalage de la situation prête à sourire, mais quand on réalise qu’elle tient là son repas du soir dans son appartement glauque… ça fige un peu). L’atrocité ordinaire revendiquée par les auteurs de Groland sape aussi la dimension potentiellement jouissive des situations : Michel fait ainsi appel à sa cousine atteinte d’un cancer terminal pour supprimer le petit patron picard… c’est du dixième degré pince-sans-rire et on rigole ; quand elle flingue effectivement le patron au milieu des petits-fours d’une réception BCBG, on pourrait être heureux pour les personnages, qui ont obtenu qui leur vengeance, qui leur victoire inespérée… mais lorsque la cousine retourne l’arme contre elle après avoir fait sa besogne, c’est juste sinistre –même si plus réaliste que la scène que ce geste conclut. <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Pas mal de tue-l’humour donc, dans le film, mais ce qui le plombe vraiment, c’est sa lenteur. J’ai évoqué plus haut les films « poétiques » précédents de Kervern et Delépine, et cette lenteur est donc clairement la patte des deux auteurs. Mais bon, là où la bande annonce du film est un enchaînement de gags successifs qui donne furieusement envie de voir le film, et là où on sait que l’équipe de Groland sait parfaitement manier le rythme dans ses sketches courts sur Canal, le film, lui, étire les scènes pour installer le mythique « climat du nord », ce qui en dilue considérablement la force comique. En gros, entre deux gags, l’ambiance est tellement retombée qu’on ne fait –au mieux- que sourire au deuxième gag alors que si les deux s’étaient enchaînés à un rythme plus approprié, la bonne humeur inspirée par le premier aurait renforcé l’impact du deuxième et ainsi de suite.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Dommage, donc, car au final on ressort du film pas vraiment touché par la dimension « jouissive » du délire anar proposé par les auteurs, pas vraiment retourné par l’humour pourtant bien présent tout au long du film, et pas vraiment remué non plus par la dimension politique de la satire. <o:p></o:p>

    A re-monter sans doute, pour en faire un best-of qui sera sans doute bien marrant mais plus décousu… et sans doute moins un film qu’un groland-bis. Bref, dans un cas comme dans l’autre, le résultat est décevant malgré d’évidentes qualités.  


    votre commentaire